mardi 6 octobre 2009

Design et guerre froide

Après l’exposition « Čiurlionis et ses contemporains » qui a fait revivre le foisonnement esthétique des débuts du XX° siècle, la galerie nationale propose au public de Vilnius une plongée fascinante dans l’univers de la guerre froide.


Deux camps en présence. Deux logiques de puissance en miroir l’une de l’autre. Deux défis lancés au monde pour la conquête de la modernité. Première utilisation à l’échelle planétaire d’un flux croisé d’images. La guerre se joue aussi dans les nouvelles cuisines rutilantes, les architectures destinées à célébrer la magnificence des cités-phares du socialisme et du capitalisme, l’élaboration minutieuse du portrait-robot du citoyen idéal, l’avenir radieux qui pointe aux détours du quotidien. Des deux côtés du monde se joue la même bataille pour la conquête des esprits et le rôle central qu’y joue le design comme vecteur de bien-être et outil de propagande.

Qu’il soit consommateur enjoué ou producteur attentif, l’individu se trouve désormais équipé, cerné dans ses usages, choyé par un système qui connaît ses besoins. Les artistes enrôlés à l’occasion – tel Picasso – apportent leur contribution à ce travail d’édification. Alors que le spectre de la guerre totale rôde on perçoit mieux ce que fut le fabuleux travail de construction mentale qui accompagna le développement des techniques, la transformation du quotidien, la mise en batterie des nouveaux repères – mais aussi le surgissement de nouvelles angoisses qu’avivent le spectre de la destruction, l’arme atomique.


Liberté chérie … ? Plus que jamais on perçoit à quel point le design contribue à modeler la figure de la société et pas seulement à satisfaire l’usager. Politique de l’objet. A partir de là la capacité à diffuser de par le monde des objets emblématiques, mythiques, des styles d’existence tracent définitivement de nouveaux modes d’affirmation de la puissance. Objet de la politique.

On ressort de cette exposition instruit, médusé par l’efficacité de la démonstration déclinée en huit salles thématiques superbement mises en espace grâce aux talentueux architectes de la Galerie nationale. L’exposition est mise à disposition par le Victoria et Albert museum de Londres, plus grand musée d’art et de design du monde… Il fallait bien cela pour arriver à fournir en crédibilité une si forte démonstration !

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Comment considèrerons-nous un ipod dans 50 ans lors de l'exposition Numérique/analogique, le basculement du siècle ? Au moins, c'est plus simple, puisqu'un ipod ne sert plus qu'une seule puissance qui rayonne partout. D'ailleurs j'en possède un (faudra le garder, pas comme la machine à écrire de mes parents, une Olivetti en plus...).